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​Beurre ou ordinaire ?

​Beurre ou ordinaire ?
Édito 295
Delphine HENRIET
Delphine HENRIET

Stop aux petits arrangements avec la liberté

12 Décembre 2017
Pour être franche avec vous, j’avais en tête un sujet plus léger, les fêtes approchant, mais plusieurs discussions alentours, articles de presse… m’ont fait changer d’avis. Pourquoi faudrait-il que je me taise sous prétexte que Noël approche ? La réalité est là, fêtes ou pas. Cet édito est de fond sans la forme festive, le ruban et le papier cadeau autour. Et tant pis s’il dénote ! Demain est un autre jour… meilleur, better I hope.

Si certaines personnes s’imaginent que l’affaire a commencé avec celle d’Harvey Weinstein, elles se trompent, même s’il faut bien reconnaître qu’elle a été un catalyseur, un « délieur de langue ». Le résultat est positif à la lumière de chaque révélation et photos illustrations, parce que l’épicentre se situe dans un milieu ultra-médiatisé. Pour ma part, je trouve ces dernières terribles a posteriori, tant le roi hollywoodien s’imaginait être un intouchable touche-à-tout. Il n’y a qu’à voir comme il entourait et enserrait certaines actrices… Je ne jugerai pas non plus les témoignages en cascade décalée sur fond d’omerta, car corps et âme ne suivent pas toujours le même chemin.

Au-delà de cette affaire, c’est la réaction des hommes en général, qui montre une fois encore que le ver est dans le fruit, que le jeu est pipé. Si certains présentateurs TV dénoncent « un certain sexisme » dans un spot engagé, d’autres raffolent encore des « potiches de service ». Quant au harcèlement ordinaire, hors média, il reste un mélange de faux compliment (ou inversement) et de vrai rabaissement.

En réponse à ce que de nombreux hommes pensent encore, même les plus « éduqués ou féministes » d’entre eux, non les femmes ne cherchent pas ce genre de situations bancales, autrement dit à côtoyer des porcs !

Passé la toile de fond des strass, paillettes, milieux privilégiées… le harcèlement façon joug masculin reste à notre porte. Du commerçant du coin au verbe lourd, au collègue qui se sent « pousser des zèles », au senior qui ose toujours et encore des familiarités douteuses avec des femmes plus jeunes, au nom de l’âge et d’une certaine impunité. A ce propos toujours, je me souviens du constat d’une esthéticienne aguerrie et avant-gardiste, qui a créé l’un des premiers instituts de beauté pour homme, en France. Sur sa plaquette commerciale, sur son site Internet, elle a dû et continue d’écrire : « Par respect pour les esthéticiennes, pour tous propos, gestes ou comportement déplacés, nous nous verrons contraintes de cesser immédiatement la prestation en cours. Et nous vous demanderons de ne plus vous présenter à l’institut. » Je me souviens également d'une autre esthéticienne qui avoue laisser la porte entrouverte quand un homme est en cabine.

Parce qu’il n’y a pas de petits arrangements avec la liberté, parce que la liberté des uns s’arrête où commence celles des autres et parce qu'il n’y a qu’en orthographe que le masculin l’emporte sur le féminin !

Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel édito.