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Les bars à sourire en question

Les bars à sourire en question
Édito 53
Delphine HENRIET
Delphine HENRIET

Faut-il en rire ?

14 Février 2012
Dans notre édito « Les bars à... ont la baraka » du 25 janvier 2011, nous ouvrions le bal d’une saga à suivre à travers les adresses que nous testons « à la une » chaque jeudi, et une tendance de fond : les bars à beauté ont la cote. Au fil de notre plume, vous avez découvert les bars à ongles, à sourcil, à brushing, à make-up, à oxygène... mais pas les bars à sourire, du moins pas encore. Et pour cause, le blanchiment des dents « au comptoir » ne m’inspire guère confiance, m’effra ie même, pour l’équipe de Spa-etc.fr comme pour moi-même. A tort ou à raison, c’est l’objet de cet édito...

En préambule, j’ai eu, il y a quelques mois, l’occasion de sonder mon dentiste, non pas sur les bars à sourire, mais sur le blanchiment médicaldes dents. Alors que c’est une prestation qu’il propose, il m’a mise en garde, en bon professionnel qu’il est, sur les risques liés à la puissance des produits utilisés. En d’autres termes, émail sensible s’abstenir au risque de ne plus pouvoir croquer une pomme ou boire un verre d’eau fraîche.

Je vous avoue que je n’ai pas insisté ni souhaité jouer les intrépides pour un sourire « Ultrabrite ». A ce propos, quel succès publicitaire ! Le top d’ailleurs en la matière : quand le nom du produit devient un qualificatif du langage courant. Sans parler de la publicité TV elle-même avec plongeon à pic d’une falaise... rose rouge, sourire et dents blanches à l’arrivée. Un spot qui alimente encore la mémoire collective et le répertoire des humoristes. Passons... Les dents sont un sujet sensible. R écemment, ledit sujet m’a rattrapée par deux concours de circonstance. Je passe le fait qu’il y a à côté de chez moi un bar à sourire, quoique...

Primo, le blanchiment dentaire dans les instituts ou autres bars à beauté non dédiés se développe en « soin » annexe. Sans polémiquer, j’ai l’impression que cette prestation est une sorte de vache à lait comme certains l’ont prédit pour la « fish pedicure »... Et là, par nature, je dis : attention danger.

Secundo, l’émission Capital du 8 janvier dernier s’est intéressée au « phénomène ». Le documentaire a évidemment mis le doigt sur le conflit d’intérêts entre les dentistes et les bars à sourire, comme il existe un entre les masseurs ou kinésithérapeute s et les esthéticiennes pour la pratique du massage, de l’endermol o gie… Mais cela ne s’arrête pas là, et j’ai pris mes jambes à mon cou quand j’ai vu deux « individus » fraîchement sortis de leurs études supérieures, pas très manuels, il faut le reconnaître, et qui avec quelques milliers d’euros étaient en train d’ouvrir un bar à sourire. Le copain cobaye même pas flouté dans le reportage méritait d’ailleurs une médaille ou un coup de semonce pour sa témérité ! Quant au « plus on paye, plus on a les dents blanches » pour expliquer la grille tarifaire d’un bar à sourire, à vous de l’apprécier.

Mais ne jetons pas trop vite le bébé avec l’eau du bain... La même émission révélait l’absence, à ce jour, de contrôle des bars à sourire par l’AFSSAPS (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé), mais sa volonté d’obliger les dentistes à utiliser des produits moins dosés en agents blanchissants. En cerise sur le gâteau, j’apprenais la commercialisation par les pharmacies elles-mêmes, officines du monde médical dois-je le rappeler, de kits maison de blanchiment bien plus dosés en peroxyde de carbamide que ceux des bars à sourire, ce dont l'Ordre National des Chirurgiens Dentistes (ONCD) ne s’est jamais offusqué.

En attendant une législation actualisée et claire du côté des dentistes, des officines comme des bars à sourire, et une analyse des risques encourus en fonction du rythme de fréquentation d’un bar à sourire, je passe mon chemin...

Il y a de quoi rire jaune ! Non ?

Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel édito.