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Le look des tribus

Le look des tribus
Édito 123
Delphine HENRIET
Delphine HENRIET

La sophistication négligée du hipster

24 Septembre 2013
Le mot tribu continue de nous interpeller depuis la préhistoire. Je vous en parle d’autant plus volontiers que ma tête blonde est en plein « Age de glace »... Certains peuples, dits primitifs, vivent encore en tribus. Les guerres tribales continuent également de faire rage. Et même si nous, occidentaux soi-disant civilisés, nous prévalons de nous être émancipés du groupe en briguant un individualisme de bon ton, nous reprenons souvent les codes rassurants de certaines tribus. Je ne parle pas de groupes sociaux, mais plutôt d’apparence, de façon de vivre… de penser donc d’être.

Vous connaissez le bobo ou bourgeois bohème, l’aristo pure souche avec particule, le bomo ou bourgeois moche, le geek ultra-connecté… Leur point commun est d’être le reflet d’une tendance sociétale, terme très à la mode.

Le bobo mange bio, vit en centre-ville, cultive son jardin le week-end, vote à gauche (souvent), travaille dans la pub sans état d’âme mais fait preuve d’une certaine façon de vivre durable et contributive.

L’aristo défie le temps, est de « noble » lignée et le défend bec et ongles que son château tombe en ruine ou pas.

Le bomo fait du beau avec du moche, aime le toc, la verroterie, le vieillot, bref est esthétiquement incorrect.

Le geek, quant à lui, ne lâcherait son ordinateur pour rien au monde. Et d’ailleurs, n’est-il pas seul au monde même connecté ? Sauf que depuis peu, le geek introverti serait devenu beau et même soigné, contrairement au hacker Plagues dans Millenium. Qu’on se le dise…

Mais là n’est pas mon propos… Au rayon des nouvelles tribus « in », le hipster est arrivé, rivalisan de désuétude esthético-sophistiquée et de technologie dernier cri. Exit le hipster des années 40 aux Etats-Unis, qui désignait l’amateur de jazz fan de nouvelles tendances. Le hipster 2013 est urbain, a entre 18 et 40 ans, mêle nostalgie (look vintage) et nouvelles technologies. Je passe sur ses smartphone, casque écouteur, appareil photos argentique… son style vestimentaire vintage avec bonnet, lunettes, chemise à carreaux, baskets, pantalon taille haute, bermuda à pinces, polo siglé… Parlons plutôt de son « esthétisme naturel ». Les hommes ont une moustache, un vrai collier de barbe dense et touffu, le cheveu plus ou moins long… avec cette impression de faussement négligé. Idem pour les femmes, d’apparence « je sors de mon lit » alors qu’il n’en est rien. Car pour réussir un décoiffé capillaire (chignon, vagues…), il faut du temps, du savoir-faire, de l’entretien… et être impeccablement coiffé avant de se crêper les cheveux ! Côté make-up, l’estompé « je me suis couchée sans me démaquiller » demande également des gestes experts et les bons produits.

Si chasser le naturel, il revient au galop, il semblerait bien que le hipster soit en train de nous donner une leçon de nouvelle esthétique…
Et vous, dans la famille des hipsters, lequel demandez-vous ?

Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel édito…

Photo : okcowboy.net