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La beauté compagne de la guérison

La beauté compagne de la guérison
Édito 54
Delphine HENRIET
Delphine HENRIET

Parce qu'elle est faite femme

21 Février 2012
Le 20 septembre 2011, je vous ai présenté « La belle initiative de Lucia Iraci », qui propose aux femmes défavorisées, dans son salon Joséphine et moyennant 4€, de se faire coiffer, maquiller, prêter des vêtements… et même d’avoir accès à une consultation gynécologique. Bénéficiaires du RSA (Revenu de Solidarité Active), elles peuvent à « peu » de frais prendre soin d’elles et se réconcilier avec leur image, leur visage, leur corps… pour aller de l’avant. « Trait » féminin, diront certains. Affirmatif et sans esquive, je leur réponds ! Que cela soit génétique, social ou éducatif, d’ailleurs. A l’heure où le débat sur le « conditionnement » précoce de l’enfant à devenir un être garçon ou fille fait rage (et a même fait l’objet de polémique à propos de certains manuels scolaires), sujet que, par ailleurs, je n’aborderai pas ici, j’ose refaire l’éloge de la féminité (Cf. L’édito 24 mai 2011 ), de la coquetterie... ou tout simplement de la différence par l’apprêt, le soin…

Femmes toujours, aujourd’hui 1 sur 10 développe un cancer du sein au cours de sa vie, en France, et doit suivre, bien souvent, une chimiothérapie avec les conséquences que l’on connaît : perte des cheveux, des cils et des sourcils aussi pour certaines d’entre elles, teint brouillé, corps rouillé… Les traitements hormonaux préconisés ensuite peuvent également entraîner prise de poids, problèmes de peau… Les séances de radiothérapie, autre pilier du traitement, consument les chairs… Quant à la chirurgie avant d’être reconstructrice, elle peut laisser des traces sur la peau et des bleus à l’âme. L’ablation d’un attribut féminin n’est pas chose anodine… et le président de PIP ferait bien de ne pas l’oublier plutôt que d’engager la bataille contre des femmes qui ont un genou à terre ou viennent à peine de se relever. Difficiles, dès lors, pour ces femmes de bien vivre avec cette « fichue » image d’elle.

Alors que la Bible associe homme à l’abondante chevelure en la personne de Samson, la féminité est aujourd’hui plutôt chevelue. Une femme sans cheveu ou cheveux ras n’est ni considérée comme une GI sexy façon Demi Moore dans « GI Jane » ni comme une aventurière à la Sigourney Weaver dans « Alien » mais comme une femme malade.

Depuis quelques années, des professionnels l’ont compris : coiffeurs, accessoiristes, esthéticiennes, coachs sportifs, professeurs de yoga… qui proposent des prestations de beauté, de bien-être… par le biais d’activités dédiées ou d’associations. De démarches isolées, ces initiatives tendent à se développer, le mal étant là et la prise de conscience aussi. Des laboratoires cosmétologiques l’ont également intégré avec peut-être moins de charisme et d’humanité, en proposant des crèmes pour réparer les morsures des rayons. Plus récemment, un magazine gratuit est né : « Rose ». La « base line » est sans équivoque : « Le cancer au féminin » pour que nous arrêtions de nous « voiler la face » et que nous puissions être aidées pendant cette épreuve. Mais ce n’est pas tout, comme en 1971 quand « 343 salopes » ont signé le manifeste du Nouvel Observateur pour que l’avortement soit légalisé, Rose lance le manifeste des « 343 cancéreuses », qui sera remis aux candidats à la présidentielle, pour que pendant et après un cancer chacune soit aidée, considérée avec égard, égalité… et bénéficie d’un statut spécifique « de malade chronique différent de celui d'adulte handicapé. »
Pour lire le manifeste et le signer : rosemagazine.fr

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Photo : rosemagazine.fr