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L'idéal de la famille, c'est être libres ensemble…

L'idéal de la famille, c'est être libres ensemble…
Édito 130
Delphine HENRIET
Delphine HENRIET

… et de prendre soin de soi

19 Novembre 2013
L’INSEE vient de publier les résultats d’une grande enquête menée sur les familles françaises. Avant même les premiers effets du mariage pour tous : développement de la GMA (Gestation Médicalement Assistée), possibilité de la GPA (Gestation Pour Autrui)… le modèle familial est aujourd’hui en pleine mutation. Et les statistiques sont assez éloquentes !

Ainsi, la « famille traditionnelle » ou « classique » ou « nucléaire », composée d’un couple et de son ou de ses enfant(s), prédomine dans 71% des cas, avec 9,8 millions d’enfants.
La famille monoparentale, issue d’un divorce, d’une séparation ou d’un veuvage, compte 2,5 millions d’enfants et représente 18% des familles françaises. 86% des enfants vivent avec leur mère contre 14% avec leur père.
Enfin, la famille recomposée représente 1,5 million d’enfants, soit 11% des familles. Ce dernier « modèle » est en plein développement sachant par ailleurs qu’il n’y a pas un mais trois modèles : l’enfant, sa mère et son beau-père (50%), l’enfant avec ses parents, ses demi-frères et demi-sœurs (36%), et enfin l’enfant avec son père et sa belle-mère (14%).

In fine, près de 30% des enfants (29% précisément) vivent dans une famille « non traditionnelle » si vous me permettez l’expression et sans jugement de valeur aucun car mieux vaut seul que mal accompagné, c’est bien connu…

Au-delà de ce nouveau patchwork familial, c’est plutôt l’analyse sociologique qui en découle qui me fait écrire ces quelques lignes. Car derrière ce « joli charivari » hérité, rappelons-le, du Droit à divorcer, de l’indépendance des femmes, de l’allongement de la durée de vie, du Droit à s’être trompé et à refaire sa vie, de la tolérance aussi d’aimer qui bon nous semble… il y a des bastions qui demeurent et des prises de conscience qui émergent.

Le premier est le souhait toujours profond de vivre en couple « et plutôt » avec des enfants. L’homme n’aspire pas à vivre seul toute sa vie.

Ensuite, comme le souligne François de Singly*, il y a aujourd’hui deux facteurs qui cohabitent dans la famille : la logique conjugale fondée sur le couple, l’amour entre adultes, de facto instable, et celle de l’enfant qui aspire à la stabilité. C’est ce principe conjugal, au temps incertain, qui a transformé le modèle familial, autrefois basé sur la transmission et le patrimoine.

A François de Singly* de conclure que « plus personne ne se définit exclusivement par sa seule dimension familiale. Le bonheur en famille n’existe que s’il permet le bonheur individuel. » Enfin et surtout « l’idéal de la famille contemporaine, c’est être libres ensemble ».

Eh bien moi, je suis d’accord avec ce principe égotiste enfin toléré mais qui reste à défendre : prenons soin de nous pour mieux vivre avec les autres, famille, amis…

Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel édito,

*Professeur de sociologie à l’université Paris V