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L'éloge de la féminité

L'éloge de la féminité
Édito 21
Delphine HENRIET
Delphine HENRIET

A l'aube de la réconciliation entre féminité et féminisme ?

24 Mai 2011
A la fin de la semaine, les mamans seront à l'honneur. Si certains associent volontiers maternité et féminité au top, je ne le ferai pas... C'est un peu facile ce côté "j'arrondis les angles", vous ne trouvez pas ? Sans parler, autre poncif du moment, des phrases toutes faites que nous lisons à longueur d'interviews d'actrices ou de top models : "je ne me suis jamais sentie aussi femme que pendant ma grossesse." Dans le registre des discours simplistes, auto-entretenus, auto-convaincus voire politiquement corrects, il n'y a pas mieux ! Or, p our moi, la féminité n'est pas si évidente, si immédiate, si naturelle... Elle va, elle vient en fonction de chacune, de ses états d'âme et de son estime de soi.

Ces dernières décennies ont été riches en la matière avec, en 2010, un début de renouement avec la féminité, du moins il me semble. Comme la mode, la beauté (notamment la coiffure) est un excellent indicateur de cette évolution. Rappelez-vous...

Les années 60, formidablement illustrées par la série TV Mad Men, dont je vous ai déjà parlé, montrent une femme à la féminité apprêtée, sophistiquée... qu'elle soit desesperate housewife ou travaillant. Toujours maquillée, brushinguée, mise en plis ou portant haut le chignon. Un peu à l'image de la femme hitchcockienne toute mesure gardée.

1970 marque une rupture. Le féminisme, la libération des corps... exaltent une femme qui revendique, aspire à autre chose que n'être qu'un "bel" objet. Les femmes mettent des pantalons ou exhibent leur corps, ne s'épilent plus, se coupent les cheveux ou ne se les coupent plus. Coup d'arrêt sur l'apprêt.

Les eighties sont celles d'une liberté nouvelle... et des fautes de goût qui vont avec. Aux femmes, le make-up fluo, les permanentes façon caniche, les décolorations hasardeuses... L'être féminin joue aux apprentis sorcières, se cherche, tout comme elle cherche son style.

Les années 90, plus sages et maîtrisées, amorcent l'ère de la femme décontractée, qui continue de digérer ses acquis en termes d'égalité sans pour autant vouloir trop retourner dans la sophistication et l'apprêt des années 60.

2000 est le millénaire du bio, du sain, du naturel... et du casual chic. Le pratique se complète d'une touche de glamour. A nous les accessoires et la réappropriation d'une part de notre féminité. Les it bags comme les Louboutins font leur entrée en scène...

Quant à 2010, il sonne le retour de la sophistication féminine avec des colorations tranchées, blondes ou cuivrées mais parfaitement réalisées, le boom des bars à beauté pour "s'en refaire une" en deux temps trois coups de pinceau... La femme renoue avec sa féminité sans, je l'espère, brader ses acquis ni sa vigilance féministe et sans retour non plus à la case foyer.

En 2011, les héritières des suffragettes cultiveraient de nouveau leur féminité, l'accepteraient... à la fois féminines et "juste" féministes !
A l'homme de trouver sa voie entre les égards et l'égalité professionnelle... Vous avez dit "utopique" ?

Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel édito.