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L'amande à l'amende ?

L'amande à l'amende ?
Édito 270
Delphine HENRIET
Delphine HENRIET

Histoire douce amère

18 Avril 2017
S’il y a un aliment qui a la côte, c’est bien l’amande ! Même mon cher et tendre en parle comme le Saint Graal alimentaire, autrement dit comme un alicament. Il faut bien reconnaître aussi que la star des noix et n°1 des fruits secs ne manque pas d’atouts. Riche en oméga-3, fibres, protéines comme ses consoeurs l’avocat, la banane et l’œuf, dans l’ordre s’il vous plaît, elle remplit une partie de nos besoins quotidiens. Sauf que comme le pétrole autrefois, l’eau maintenant et demain, l’amande fait l’objet d’un "lobbying institutionnalisé" et sa culture s’avère dévastatrice en terme d’écologie.

Je m’explique…

Ce constat ne vient pas de moi mais de journalistes de France 5 (rendons à César ce qui est à César) à travers un reportage, « La vérite sur l’amande », diffusé récemment, dont je me fais volontiers l’écho.

En préambule, il faut savoir que 80% de la production mondiale d’amande vient de Californie, région en manque cruel d’eau, en sécheresse historique, s’il est besoin de le repréciser. Les 20% restants sont à dispatcher entre l’Australie, l’Italie, l’Espagne et dans une moindre mesure la France. Autrement dit pour satisfaire nos « besoins ou envies » en amandes pour un « snacking dit sain », nous devons l’importer. Parallèlement et pour info, face à une demande en croissance, son prix a été multiplié par 4 en 10 ans et peut même atteindre 30€ le kilo.

Si l’amande est plébiscitée par les nutritionnistes et les naturopathes, pour ses qualités avérées, elle doit cependant être consommée avec modération. Et c’est là que le bât blesse. Trompés par le puissant lobbying californien de l’amande (Almond Board of California), qui recommande 24 amandes par jour versus 10 pour un professionnel de l’alimentation digne de ce nom, nous avons tendance à trop en consommer. Regardez d’ailleurs les pages de vos magazines qui vantent les mérites de l’amande, à glisser dans son sac ou sa poche dans une jolie petite boîte. C’est un message du Almond Board of California. Résultat : l’amande est devenue une pépite ultra-rentable pour les producteurs californiens, qui en intensifient la culture et forent même des puits d’eau pour arroser leur or, asséchant les nappes phréatiques… Avec un besoin en eau de 4 litres par amande, sachant qu’il ne pleut plus ou si peu dans l’Ouest Américain, l’amande entraîne avec elle un vrai désastre écologique… mais aussi la prospérité des cultivateurs et autres chercheurs d’eau.

Je vous passe la suite du reportage sur le lait d’amande, vendu trois fois plus cher que le lait de vache (par exemple) et qui ne contient que 2% à 10% d’amande grand maximum, qui fait le bonheur et la richesse de quelques fournisseurs, pour des qualités nutritionnelles à ras les pâquerettes.

Aussi et si loin de moi l’idée de vous dire d’arrêter de manger des amandes, tâchons de les consommer avec modération et peut-être aussi de privilégier la production locale et méditerranéenne.

Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel édito.