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Haro sur le présentéisme

Haro sur le présentéisme
Édito 159
Delphine HENRIET
Delphine HENRIET

Le trop ennemi du bien

15 Juillet 2014
Si l’absentéisme, véritable fléau national, symptôme du mal-être au travail, de l’assistanat organisé, d’une motivation à la génération Y (je suis volontairement provocante)… est connu de tous et même chiffré : il coûterait entre 7 et 13 milliards d’euros par an, le présentéisme coûterait, lui, le double !

Apparue aux Etats-Unis il y a quelques années déjà, la notion de présentéisme débarque en France alors que le phénomène est loin d’être nouveau.

Le présentéisme concerne les salariés en poste mais dont la productivité est insuffisante pour cause de fatigue professionnelle et/ou personnelle. En cause, sur fond de crise, la volonté de faire bonne figure devant la hiérarchie, de quelque degré qu’elle soit (et en France, on ne manque pas de paliers pour atteindre le sommet de la pyramide), en montrant, prouvant même une motivation à couper le souffle. Et c’est là que le bât blesse, car à force d’esbroufes, on risque fort de se retrouver le souffle court. Surinvestir au travail par le biais d’horaires à rallonge, de dossiers bouclés pendant le week-end, de connexion soirs et week-ends, de réunionite « tôt ou tard »… entraîne un état d’épuisement émotionnel, que les spécialistes appellent « Burn-in » annonciateur souvent d’un « Burn-out ».

Ajoutons à cela un autre aspect du Burn-it, encore plus profond : la démission personnelle ou le fait de subir son travail mais de refuser de le quitter par peur du chômage, de la précarité… Bref, on va au « bureau » à reculons, parfois même la boule au ventre, en mettant chaque matin son poing dans sa poche et son mouchoir par-dessus. Triste sort…

La notion de présentéisme est donc plus subtile que la simple notion d’heures supplémentaires pour se faire bien voir du « chef ». Un phénomène qui, dois-je le rappeler, concerne moins les femmes que les hommes, ces dernières ayant moins de propension à jouer les politiques. Enfants, repas, logistique familiale… et caractère féminin limitent toute velléité de zèle. Un peu de féminisme réaliste nuit rarement…

Le décor étant planté, quelles sont les solutions pour enrayer le présentéisme, dont le coût est supporté par les entreprises versus l’absentéisme couvert en grande partie par la collectivité ? Selon Matthieu Poirot, du cabinet Midori Consulting, il y en aurait deux : réguler la charge de travail en évaluant mieux quantité, charge émotionnelle… et valoriser le salarié par des promotions, des augmentations de salaire, l’amélioration du cadre de travail…
J’ajouterai un troisième point qui me tient particulièrement à cœur : le bien-être du salarié par les soins. Et pourquoi pas demain ?

Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel édito.