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Grandeur et démesure

Grandeur et démesure
Édito 165
Delphine HENRIET
Delphine HENRIET

Cachez ce sein…

23 Septembre 2014
Que vous ayez de jeunes enfants ou que vous soyez abonné(e) aux problèmes ORL, le sérum physiologique fait partie de votre vie. Par essence même ou de par sa composition, il est un allié précieux, à la fois doux, efficace et sans danger pour l’organisme. Bref, il est un indispensable de la trousse à pharmacie, pour nettoyer les yeux, le nez… Pratique, on l’achète en dosettes à usage unique.

Si je l’ai adopté aussi, loin de moi l’idée, ici, d’en faire l’apologie ni de lui rendre un hommage pourtant mérité. Ma digression n’avait pour but que d’introduire mon propos. Et, comme vous allez vite le constater, il est gonflé ! Pas à l’hélium mais au culot… et au sérum physiologique.

Je m’explique…

Il est de bon ton, à New York, de se faire injecter quelques centilitres (ou plus si affinité) de sérum physiologique dans les seins, pour gagner quelques tailles de bonnets, le temps de 24 à 72 heures. Non, non, vous ne rêvez pas ! Si certaines prothèses mammaires remplies de sérum physiologique sont un classique de la chirurgie esthétique ou réparatrice, il s’agit, là, de « piquer directement à la source » pour un effet immédiat… mais éphémère aussi. Le tout pour la bagatelle de 2 500€ aux Etats-Unis et de près de 5 000€ en France, où le « phénomène » tend à se développer.

Ainsi, telle Cendrillon, la femme au décolleté surdimensionné retrouve ses mensurations d’origine, « tranquillement mais sûrement », au bout de quelques heures. De là à parler de « tromperie sur la marchandise », il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas et ce, même si les faits sont là, car nos seins ne sont pas des comestibles sur un étal mais un attribut féminin.

Après et je ne vous apprendrai rien, si on touche ici à l’intime et que chacun(e) fait ce qu’il veut avec son corps, on ouvre surtout la boîte de Pandore des complexes. Si le Sacro-Saint des seins, c’est d’être bien proportionnés, fermes, (peut-être) généreux… qu’ils sont matière à fantasmes, ce n’est pas une raison pour en faire la solution à tout et surtout pas le summum de la séduction. Et je ne vous parle même pas du risque médical à user et à abuser de cette technique « d’usurpation » de mensurations. Car et c’est bien connu, on ne séduit jamais autant qu’incidemment, quand on ne le cherche pas, que l’on s’accepte tel(le) que l’on est, que l’on s’aime… C’est cette estime de soi, qui comme un double, séduit souvent celle ou celui qui passe par là.
Enfin, « chasser le naturel il s’en va à l’eau »… Alors, pour une fois, faisons fi du sérum phy !

Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel édito.