Escale chez le coiffeur

J’écris souvent mes éditos chez le coiffeur, mon sas de décompression à moi. Chacun son truc, ses marottes. Alors qu’on pourrait croire que l’animation ambiante, le ronron du sèche-cheveux, les va-et-vient me déconcentrent, il n’en est rien. J’y suis comme dans une bulle. Mais cette semaine, je n’y ai rien fait : pas une ligne n’a jailli de ce moment dont j’ai profité en n’en faisant qu’à ma tête !

Que l’on aime ou pas aller chez le coiffeur, ce lieu particulier a pourtant des vertus insoupçonnées, bien au-delà du fait de s’y faire coiffer, colorer. Et d’ailleurs ne permet-il pas déjà de se réconcilier avec sa tête ? Lieu commun ou pas, nous allons d’abord chez le coiffeur parce que nous en ressentons le besoin, parce que nous nous trouvons mal coiffé(e) donc en désaccord avec notre image ou notre mode de vie. Autant vous dire que le challenge est grand pour l’artisan aux ciseaux et qu’on attend beaucoup de lui, même pour celles et ceux qui n’y vont que pour des raisons pratiques : raccourcir, effiler, couper les pointes… Au fond de nous, je me demande si parfois nous n’y mettons pas de fous (et faux) espoirs, en espérant la coupe ou la couleur transformation, celle qui nous révèlerait corps et âme, c’est-à-dire parfaitement. L’espoir faisant vivre, je n’ai rien à ajouter, sauf le ridicule de certains noms de salons : Evolu Tif, Créa Tif, Nouvel Hair, Secrets pour pl’Hair, Ryan Hair, Prendre l’Hair, sans oublier le fameux Faudra Tif Hair !

Parallèlement, aller chez le coiffeur permet de ne rien faire (ou presque) pendant trente minutes, une heure voire plus, dans un lieu d’où on ne peut s’échapper : on y est, on y reste jusqu’au bout, en théorie. Cette absence d’échappatoire est également source d’apaisement dans un monde de choix et de zapping à tout crin (sans mauvais jeu de mots).

Enfin, être face à soi devant un miroir, permet aussi de se retrouver, de s’y voir lire, discuter, se confier, se plaindre… Cette proximité avec soi permet également de remettre les compteurs à zéro, entre bienveillance et objectivité. Chez le coiffeur, on a le temps de se regarder sans se voiler la face.

J’espère vous avoir convaincu(e) d’y aller, d’y retourner pour vous sentir léger, bien coiffée et apaisé(e) !
D’ailleurs, un massage du cuir chevelu au bac, ne vaut-il pas le déplacement à lui tout seul ?

Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel édito.