Attention photo retouchée !

La Loi est passée avec l’obligation désormais de mentionner quand une photo de mannequin (femme et homme d’ailleurs) a été retouchée ou "photoshopée". Photoshopée, du nom du logiciel qui permet de gommer tous les défauts physiques post make-up : lèvres trop pulpeuses, genoux anguleux, taille pas assez fine, poitrine menue, carrure manquant d’envergure… Si Photoshop reste le logiciel référence pour les professionnels de la photo et de l’édition, il s’est démocratisé auprès du grand public, via des versions free lancées par d’autres éditeurs. Ainsi, il est de bon ton (chez certains tout du moins) de gommer les marques du temps sur les photos de famille, pour ressembler à la tribu parfaite en toute circonstance. Exit le mascara qui a coulé, les kilos qui se voient trop, le chignon désaxé, le sourire pas assez blanc… On voudrait être au top (et même mieux) en toutes circonstances, plus ou moins heureuses, en effaçant toutes les émotions de la vie, alors que l’art du "vrai" photographe est d’immortaliser l’instant où une mèche folle voile un visage, une bretelle tombe, un regard croise l’objectif, un ange passe…

Mais revenons-en au "photoshopage" des mannequins des publicités…
Il est heureux qu’il soit désormais signalé pour éviter que des adolescents en construction, donc sous influence, encensent jusqu’à se renier, les corps et les visages trop parfaits qu’on leur met sous le nez pour leur vendre monts et merveilles. C’est le but premier de la Loi, dans l’intérêt des adolescents et même des adultes tout court, car nous sommes tous influençables et influencés par l’image.

Pourquoi d’ailleurs n’avoir pas étendu cette obligation d’information à la sphère alimentaire, reine de l’enjolivement, notamment aux photos publicitaires des préparations et plats industriels que l’on trouve dans les magazines ? Je pense à cette pâte à tartiner (je sais, on tape toujours sur les mêmes) sur pain, authentique et gourmande, avec la trace parfaite du couteau qui l’a négligemment étalée ou à cette sauce bolognaise sur lit de spaghetti avec le brin de basilic frais en touche finale et les tomates mûres à point en toile de fond pour bien comprendre le lien de causalité.

Peut-être parce qu’une noisette ou une tomate n’a pas Droit de cité… et parce que la nature est "mieux faite" !
Dans tous les cas, tâchons aussi d’être plus indulgents envers nous-mêmes, en renouant avec nous. Et les soins nous y aident soin après soin…

Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel édito.